Chantiers de Versailles

Fondation La Marck

Chantiers de 2024 à 2025

 

En novembre 2023, Julien Lacaze, président de Sites et Monuments, nous alerte sur un sujet qu’il étudie depuis des années, l’axe majeur du Château, est (au-delà de l’avenue de Paris vers Porchefontaine) et ouest (au-delà du Grand Canal vers Villepreux). A l’ouest, on est dans ce qu’on appelle le Grand Parc, où les cultures alternaient avec les chasses royales. Cette partie est maintenant sous la tutelle de la communauté d’agglomération de Versailles Grand Parc (VGP), alors que le Petit Parc est sous celle de l’Établissement public du château de Versailles (EPV). Le Grand Parc s’étendait à l’ouest jusqu’à Saint-Nom-la-Bretèche et Villepreux, au sud jusqu’à Trappes et Toussus-le-Noble. Il était ceint de murs ponctués d’imposantes portes à l’architecture caractéristique, dont une douzaine subsistent. Par la porte de Maintenon, une allée venant de l’Étoile royale (située dans le prolongement du Grand Canal) menait au domaine voisin de Marly. On n’a pas pu éviter le passage de l’autoroute A12 qui coupe le Grand Parc avant Villepreux, mais que par un effet d’optique, il serait facile de dissimuler par un simple talus, compte tenu des vallonnements naturels de cette section.

 

Dès 2003, encore étudiant, Julien a publié dans Versalia un article de référence sur le sujet : Plaidoyer pour une renaissance du Grand Parc du château de Versailles, où il nous faisait découvrir l’état du site et des installation subsistantes, murs d’enceinte et portes. Puis en 2008, l’architecte Yves Périllon, ancien inspecteur des sites des Yvelines, et Jacques de Givry, président des Amis du Grand Parc, ont publié un article plus spécifiquement sur l’axe majeur : Versailles, la Grande Perspective, toujours dans Versalia. Lors de notre première réception à Versailles en 2016, nous avons été choqués de découvrir depuis la Galerie des Glaces une tache blanche au loin dans l’axe majeur : c’était un campement de caravanes installé sur un terrain acheté par les gens du voyage ! Questionnés, les ACMH ont avoué leur impuissance ; pour eux, c’était une nuisance contre laquelle ils ne pouvaient rien, puisqu’hors des limites de leur juridiction. 

 

Heureusement, tout le monde n’était pas dans le même état d’esprit, et sous l’impulsion de François de Mazières, maire de Versailles et président de Versailles Grand Parc, la communauté d’agglomération a décidé de prendre les choses en main dans le cadre d’un plan de mise en valeur de la zone au-delà du Petit Parc, donnant la priorité aux activités respectueuses de l’environnement, qu’elles soient touristiques ou agricoles. Auparavant, il lui avait fallu résoudre le problème du franchissement de l’axe majeur par la ligne de chemin de fer à recréer entre Saint-Cyr-l’École et Saint-Germain-en-Laye, et par la route départementale parallèle. Pour préserver les vues, il a été décidé d’abaisser les voies au passage de l’axe majeur et de mettre les poteaux des caténaires au niveau des allées d’arbres. Une station du tram-train a même été prévue pour la desserte touristique du parc de Versailles, intérieur et extérieur. Les travaux ont eu lieu entre 2018 et 2022. Ensuite, VGP a lancé trois grands chantiers, celui du moulin de Saint-Cyr, juste à côté, l’écoquartier de Gally sur l’emplacement de la caserne Pion (en bordure du Petit Parc vers Saint-Cyr), et la replantation de l’axe majeur.

 

 

Le moulin de Saint-Cyr était une grande barre rougeâtre de quatre étages en bordure du Petit Parc et dominant la forêt. Il a été racheté et ses occupants relogés, puis détruit en 2023. En 2024, la plateforme logistique des jeux olympiques d’équitation y a été installée. Ce sera ensuite un parking public paysagé à l’usage des visiteurs du parc. Dès 2020, VGP a commencé la replantation de l’allée royale de Villepreux. Jusqu’à 2022, 293 arbres ont été plantés. L’espèce choisie est comme à l’origine un orme, mais résistant à la graphiose qui les avait décimés. Alors que restait à terminer le côté nord de l’allée, s’est posée la question de l’intervention d’un mécène pour soulager les finances de VGP et mieux faire accepter par la population les projets non directement rentables. Sur proposition de Julien Lacaze, nous avons accepté de financer l’achat de 87 ormes plantés début 2024 et qui parachèvent l’alignement nord. La fondation La Marck prendra sans doute aussi en charge le restant prévu en 2025, soit 180 arbres de l’alignement sud, dont la plantation suivra le déménagement des gens du voyage vers un autre lieu (il n’a pas été nécessaire d’aller jusqu’à l’expropriation formelle pour les faire accepter cette solution).

 

Juin 2024 © Versailles Grand Parc

 

 

Nous avons par ailleurs demandé au nouveau président de l’EPV, Christophe Leribault, s’il pouvait mettre en valeur dans sa communication l’apport de VGP au site de l’axe majeur, qui ne concerne pas seulement les replantations mais aussi les circulations douces, piétonnes, cyclistes et équestres, qui vont du Petit Parc au Grand Parc en passant par la grille royale. Il est en effet essentiel que tous les visiteurs de Versailles soient informés du travail réalisé et des nouveaux équipements mis à leur disposition.

 

https://grandparcdeversailles.org/wp-content/uploads/2016/06/comite-de-suivi-site-classe-part1-vgp-23mars16-agpv.pdf

 

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De 2016 à 2022, la fondation participe à trois chantiers emblématiques : à l’extérieur de la Chapelle royale, dans l’appartement intérieur du roi et au Hameau de la reine.

 

 

 

La restauration du Boudoir du Hameau

 

I Genèse du projet

 

Ce projet mûrissait dans nos têtes depuis 2016. Point de départ : la restauration de la Maison de la Reine au Hameau, qui laissait un peu orphelin le Boudoir. Or il s’agit de la retraite ultime de Marie-Antoinette après le Petit Trianon et cette Maison de la Reine, une chaumière de très petites dimensions avec un salon en rez-de-chaussée surélevé et une pièce de service à colombages. La taille volontairement restreinte de ce bâtiment interdisait d’en faire un lieu de réception. De fait, la reine y venait seule ou accompagnée d’une à deux personnes, qui pouvaient être sa première femme de chambre et Fersen. Un lieu donc hautement symbolique.

 

                             L'intérieur du Boudoir avant la restauration, © Christian Milet

 

Nous l’avons visité pour la première fois le 22 août 2016 avec la responsable du mécénat et l’architecte Régis Berge. Nous sommes passés par la ferme dite pédagogique et ses clôtures disgracieuses. A côté de la Maison de la Reine alors en plein chantier, le Boudoir est absolument charmant de proportions et bien isolé dans son jardin potager. Le salon, qui fait environ 20 m2, possède une cheminée de marbre (postérieure), deux grandes glaces (l’une au-dessus de la cheminée, l’autre entre les deux fenêtres ouest), et des boiseries peintes encadrant des tentures en loques, sans doute en raison de visiteurs indélicats qui ont cru emporter des souvenirs de Marie-Antoinette alors qu’elles sont beaucoup plus récentes. Bien que la pièce soit vide et en triste état, on est saisi d’émotion quand on y rentre, et cette émotion est renforcée par la vue magnifique des fenêtres vers l’ouest, c.-à-d. droit vers le lac et la tour de Marlborough. Les fenêtres sont doubles et celles de l’extérieur sont munies de verre de Bohême aux délicates nuances. Nos accompagnateurs semblaient avoir une autre idée en tête puisqu’ils nous ont conduits ensuite vers la laiterie de propreté, certes spectaculaire, mais quand nous avons vu les remontées d’humidité en provenance du lac, nous avons refusé d’envisager ce chantier.

 

Une fois admis l’intérêt de restaurer le Boudoir, il nous a été demandé au cours de l’hiver suivant de financer l’étude préparatoire du chantier. C’est là qu’a surgi une importante difficulté : le conservateur alors en charge des Trianon, Jérémie Benoît, disposait de tout le mobilier de Marie-Louise (qui avait eu la jouissance du Hameau sous l’Empire) et tenait à le remettre en place. Il voulait ainsi continuer ce qui avait été réalisé dans la Maison de la Reine. Sa restauration est une grande réussite et il faut en féliciter les deux protagonistes, l’ACMH Jacques Moulin et Jérémie Benoît, le premier parce qu’il a réussi un véritable tour de force en assainissant un bâtiment posé à même le sol et en faisant passer des gaines techniques dans des cloisons très minces, le second parce qu’il a mis remarquablement en valeur le mobilier disponible. La découvrir restaurée lors de la soirée mémorable du 11 juin 2018, à l’occasion de l’inauguration de la galerie des Cotelle au Grand Trianon, a été un enchantement. Mais ce qui était justifié pour une maison qu’il était inconcevable de laisser vide ne l’est pas nécessairement pour une seule pièce : d’abord, il faudrait mettre en place un coûteux dispositif d’air conditionné et de sécurité pour protéger le mobilier et les textiles. Ensuite, en prenant la décision suggérée, on gommerait définitivement le souvenir de Marie-Antoinette au Hameau. Lourde décision ! La question n’a donc pas été tranchée.

 

                                   L'intérieur du Boudoir avant la restauration, © Christian Milet

 

A la réception de l’étude, une réunion de travail a eu lieu chez les ACMH   de Versailles le 15 mars 2018 avec Jacques Moulin, suivie d’une visite du Boudoir avec lui et Jérémie Benoît. Il s’agissait de préparer la deuxième étape, définition et évaluation des travaux à venir, convention de financement de ces travaux et lancement des appels d’offres. Il se trouve que Jacques Moulin a été à l’origine du projet de Guédelon, avec notamment notre ami Michel Guyot, l’homme de Saint-Fargeau, que nous avons été heureux d’évoquer. Il nous a détaillé les résultats de l’étude. Une fois au Boudoir, il y a eu une franche explication sur le problème du mobilier de Marie-Louise et il a été convenu de garder ouvertes les deux options, avec ou sans mobilier, car il n’était du ressort ni de l’architecte, ni du mécène de trancher cette question. Jacques Moulin nous a fait part de sa vision du jardin et des espaces environnants, que nous avons trouvée séduisante dans sa volonté d’accentuer le caractère rustique du Hameau.

 

Au cours de l’été 2018, l’EPV nous a informés que la direction du musée de Versailles avait choisi : le mobilier de Marie-Louise ne serait pas remis en place et on pourrait donc se contenter de mettre un chauffage léger de type hors gel. Cette décision, outre qu’elle diminue les frais de fonctionnement à la charge de l’EPV, permet de laisser ouvert le choix d’utilisation du Boudoir. La convention de financement des travaux a été signée en juin 2019. Les appels d’offres lancés à l’automne ont fait apparaître des dépassements et, pour rester dans les limites fixées, il a été décidé en février 2020 que le jardin ne serait pas sous-traité et qu’on mettrait entre parenthèses le budget des textiles aux murs.

 

II Le chantier

 

Le démarrage du chantier a subi plusieurs mois de retard à cause de la crise sanitaire de 2020. En juin, les élagages et abattages d’arbres placés trop près ont été réalisés et l’échafaudage a été monté. Le Boudoir comporte un premier élément assez mystérieux : une soupente éclairée par une lucarne. Mais il s’agit d’un élément purement décoratif et non d’une pièce accessible. Il ne fallait pas s’attendre à y trouver quoi que ce soit, d’autant que la toiture a déjà été refaite dans le passé.

 

Les buissons devant la façade cachaient un vestige intéressant : une arcature en brique sous une des fenêtres. Comme la maison est en rez-de-chaussée surélevé, des niches pour des rangements au niveau du sol ont été installées sur les côtés. On avait sans doute envisagé d’en faire autant en façade avant de se raviser pour privilégier un habillage par des végétaux. Il ne s’agit donc que d’un repentir vite corrigé.

 

                                                        L'extérieur du Boudoir, © Didier Saulnier

 

 

Le chantier a duré dix mois et il faut rendre hommage aux équipes qui l’ont mené à bien malgré la crise sanitaire. En décembre 2020, la toiture de chaume était terminée et on attaquait l’intérieur, avec une mauvaise surprise sous le parquet : un soubassement à changer en raison de l’humidité. En mars 2021, les boiseries en chêne du salon ont été rajustées, décapées, mises en teinte et vernies ; elles ont à cette occasion retrouvé la couleur acajou qui était la leur anciennement, un témoignage du luxe intérieur des chaumières du Hameau. La cheminée Empire, en marbre bleu turquin, a été restaurée et polie, et son foyer rejointoyé. Un caisson de chauffage par air pulsé a été installé et une ventilation naturelle établie, permettant de revenir à l’idée d’origine de panneaux textiles. En l’absence de données sur ces textiles, la direction du musée a préféré choisir un tissu neutre, qui sera égayé par des gravures du Hameau à l’époque de Marie-Antoinette.

 

                                                       L'extérieur du Boudoir, © Didier Saulnier

 

À l’extérieur, l’architecte a respecté les codes établis par son prédécesseur Richard Mique quand il avait construit le Hameau. Ce dernier avait accentué l’aspect misérable des modestes chaumières par divers artifices comme des façades faussement décrépies, des fissures simulées ou un décor « bois pourri » sur les pièces de bois apparentes.  L’appentis a donc été doté de parements de fausse brique entre les colombages, et ces parements sont lacunaires pour suggérer leur délabrement ; et sur ses colombages, le décor « bois pourri » a été appliqué. Un peu dans le même esprit mais aussi pour accentuer l’aspect rustique de l’ensemble, la pergola dont était doté le boudoir et qui recouvrait tout l’escalier d’entrée était composée de bois noueux, tordus et fourchus, selon une miniature de van Blarenberghe. À l’époque moderne où tout est calibré, il s’agit d’une denrée rare et trouver des bois qui rendent l’effet voulu n’a pas été facile ! Des clématites seront plantées pour recouvrir la pergola.

 

III Le style des origines

 

Ce retour au décor intérieur d’origine du boudoir est un événement d’une importance fondamentale pour bien comprendre ce qu’était le Hameau de la Reine : à l’extérieur, de modestes chaumières dont l’architecte Richard Mique avait accentué le côté misérable par divers artifices, à l’intérieur et naturellement pour les seuls logements de la reine, des aménagements luxueux, dont ne témoignaient plus que les quelques meubles d’acajou que Versailles a pu récupérer : des chaises de Jacob, une table-bureau, une console et des encoignures de Riesener. La table-bureau de la maison de la Reine, rachetée en 2011, est un exemple de ce raffinement et elle est si précieuse que la conservation du musée a préféré l’installer dans le Cabinet doré de Marie-Antoinette au Château. Quand on sait qu’il a fallu verser près de sept millions d’euros pour la racheter, on comprend que la reine a dépensé sans compter pour ce grand chantier. Déjà en butte aux critiques mais toujours insatiable (il lui faudra encore racheter et réaménager Saint-Cloud), Marie-Antoinette a pour une fois tenté de dissimuler ses dépenses en jouant sur l’aspect extérieur du Hameau. Seuls, ses familiers y étaient admis et elle savait pouvoir compter sur leur discrétion. Joli pied de nez à l’opinion !

 

                                        L'intérieur du Boudoir après la restauration, © Didier Saulnier

 

En même temps, l’idée de passer d’un extérieur misérable à un intérieur luxueux n’était pas nouvelle : le hameau du prince de Condé à Chantilly, édifié dix ans plus tôt, utilisait la même formule destinée à surprendre les visiteurs et qui leur apparaissait comme le comble du raffinement.

 

Le mobilier d’origine encore disponible ne permettait pas de remeubler la Maison de la Reine, alors que celui de l’époque de Marie-Louise avait été conservé. C’est pourquoi la décoration Empire y a été rétablie. Par contre, le choix de ne pas remeubler le boudoir a permis de revenir à l’état XVIIIe. Si la cheminée de l’époque de Marie-Antoinette, qui mariait un marbre banc et un marbre bleu turquin a disparu, et si on ignore tout des textiles qui recouvraient les panneaux du salon, les boiseries au moins en partie conservées (il y a eu des restaurations) et rétablies dans leur teinte d’origine permettent cette évocation de l’état d’avant la Révolution.

 

                                   L'intérieur du Boudoir après la restauration, © Didier Saulnier

 

Il existe un autre cas documenté, c’est celui du moulin. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le moulin avait beau afficher fièrement une grande roue à aubes, ce n’était pas un bâtiment utilitaire mais bien un de ceux réservés à la reine et ses invités. Or on sait que lambris et corniches y étaient à l’origine traités en ton acajou. C’est en 1810 que ce décor a disparu à l’occasion d’importants travaux de restauration. Il a fallu attendre l’intervention de Pierre-André Lablaude en 1993 pour le rétablir. Encore s’est-il contenté d’une simple peinture dans le ton. Le décor du boudoir est donc un témoignage précieux du style des logements de la reine au Hameau.

 

                                      L'intérieur du Boudoir après la restauration, © Didier Saulnier

 

Il tranche avec tous les décors connus du Château : on est très loin des délicats ornements sculptés par les frères Rousseau pour les appartements intérieurs du roi et le la reine. Mais on est en 1787 et en quelques années le style Louis XVI a évolué fortement : il est devenu très épuré, sous l’influence notamment du retour à l’antique. Il suffit de voir l’évolution du style propre de Riesener, depuis la commode du roi qui est à Chantilly, au décor si riche et si chargé, jusqu’à ces tables-bureaux du milieu des années 1780 qui sont des modèles d’élégance. Il en arrive avec les encoignures de la Maison de la Reine récemment acquises au dépouillement suprême : acajou massif aux lignes simplifiées et pratiquement sans bronzes dorés.

 

                                      L'intérieur du Boudoir après la restauration, © Didier Saulnier

 

Ces encoignures eussent été à leur place dans le boudoir, ce qui amène à se demander comment cette pièce était meublée au temps de Marie-Antoinette. Les inventaires de ses achats n’existent plus. On retrouve quelquefois des étiquettes avec des numéros d’ordre que les spécialistes savent déchiffrer, mais elles ne sont pas toujours conservées. Et les ventes révolutionnaires n’indiquent pas les provenances précises. Mais on peut gager qu’il subsiste encore des meubles d’acajou provenant du boudoir. Reste à les identifier !

 

 

À l’extérieur de la Chapelle royale

 

L’Établissement public de Versailles a lancé à l’automne 2017 un vaste chantier de restauration des extérieurs de la Chapelle, prévu pour durer trois ans. Il visait d’abord une réfection complète de la toiture après découverte d’infiltrations, avec réparation des poutres endommagées, changement de la couverture, dépose des plombs pour les réparer et redorer en atelier. Un deuxième chantier concernait les grandes fenêtres dont la menuiserie avait souffert et dont les vitraux devaient être révisés. Enfin, un troisième chantier prenait en charge tout le décor sculpté dans la pierre, dont les majestueuses statues de saints disposées au sommet des murs entourant la Chapelle.

 

                                                  Chapelle royale avant travaux, © Thomas Garnier

 

        Saint Philippe, par Anselme Flamen © Christophe Fouin

 

La statuaire est l’œuvre des meilleurs artistes du temps : Guillaume Coustou, Sébastien Slodtz, Philippe Magnier, Anselme Flamen, Pierre Lepautre, Corneille Van Clève, Jean-Louis Lemoyne… Il y a en tout 24 statues de saints, plus 6 figures allégoriques. Le choix de la fondation s’est porté sur le saint patron de son fondateur, l’apôtre saint Philippe. Il est reconnaissable à son emblème, une croix qui rappelle son martyre, tel que rapporté par la tradition. Les statues ont été restaurées in situ, en profitant du parapluie dressé au-dessus de la toiture. La plupart étaient noircies et couvertes de lichens, sans compter les nombreuses plaies à panser. Elles sont ressorties de là métamorphosées, à nouveau prêtes à affronter les siècles.

 

https://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/restauration-chapelle-royale

 

https://www.chateauversailles.fr/sites/default/files/depliant_statues_de_la_chapelle_hd_fr_-pages.pdf

 

https://www.chateauversailles.fr/actualites/vie-domaine/restauration-chapelle-royale/direct-chantier

 

 

Dans l’appartement intérieur du roi

 

Dans l’appartement intérieur du roi, il s’agit du cabinet des Porcelaines. Partant de la constatation que les porcelaines du roi étaient très peu exposées alors même que de nombreuses acquisitions avaient été réalisées ces dernières décennies, la fondation a défendu un projet d’exposition dans l’ancienne salle des Buffets, dite aussi salle du Billard, qui était vide depuis longtemps. Ce projet émanait de Marie-Laure de Rochebrune, conservateur en chef chargée des porcelaines, et l’appui financier de la fondation a convaincu les dirigeants du musée de le réaliser.

 

La pièce en question, qui fait 52 m2, est idéalement située : on peut y accéder par le salon de Vénus des grands appartements ou l’escalier Louis-Philippe, et, dans l’appartement intérieur du roi, elle jouxte le salon des Jeux et la salle à manger aux salles neuves. Elle est en lien avec les deux puisque sous Louis XVI elle a abrité un autre type de jeu, le billard, et que dans ses buffets on rangeait une partie de la vaisselle précieuse utilisée dans la salle à manger voisine. C’est dans cette salle à manger et dans la salle du Billard qu’avaient lieu chaque année les ventes privées de porcelaine de Sèvres organisées par le roi pour promouvoir les productions de la manufacture. On s’est efforcé de conserver les éléments du décor subsistants dans la salle du Billard, lambris et cheminée de marbre, et on y a remis la marque de billard en porcelaine de Sèvres conçue pour la pièce, encastrée dans un des montants extérieurs des vitrines. On note au passage que le salon des Jeux accueille déjà deux vestales en biscuit de Sèvres première grandeur offertes par la fondation.

 

     

                                              Photos © EPV / D. Saulnier 

 

La scénographie a été confiée à Jérôme Dumoux. Il a conçu deux blocs de vitrines sur le côté sud de la pièce, de part et d’autre de la porte menant à la salle à manger. Le côté nord, celui de la cheminée, est pour l’instant laissé libre. Le dessin des vitrines est très classique et s’inspire de celui des lambris en place. Elles atteignent 3,39 m de haut sur 5,16 m pour la salle. Le dispositif comprend des placards bas en légère saillie et des vitrines sécurisées accueillant jusqu’à quatre étagères. L’intérieur est entièrement gainé de soie sur molleton. La signalétique comprend de discrets cubes également gainés de soie qui renvoient à des cartels disposés sur la doucine du bas des vitrines. L’éclairage utilise les techniques les plus récentes en matière de LED et de fibre optique. Une partie des moulures est dorée à la feuille d’or pour donner une touche de raffinement et fournir une légère harmonisation avec les pièces voisines. Le directeur du musée, Laurent Salomé, s’est personnellement impliqué dans les nombreux arbitrages qui ont précédé l’adoption du plan définitif.

 

Comme on est dans l’appartement intérieur du roi, les vitrines accueillent ses services de table, à l’exclusion de ceux de la reine, que l’on peut voir au second étage de ses petits cabinets ou au Petit Trianon. Parmi les nombreux services du roi, sont présentés ici celui aux armes de France (de la compagnie des Indes), le service bleu céleste (de Vincennes), le service enfants et mosaïque bleue, le service à fond vert, le service à fond lapis caillouté, le service mythologique de Louis XVI (dit aussi beau bleu), le service guirlandes de barbeaux (dit aussi du Gobelet du roi). C’est ce dernier qui est le plus représenté dans les collections de Versailles avec une quarantaine de pièces. Il était utilisé par les officiers du roi dans la salle même du Billard, pour l’occasion recouvert d’un plateau. L’un des plus prestigieux, le bleu céleste, est représenté pour l’instant par treize pièces, dont une terrine d’une grande beauté ; l’autre, le service mythologique, qui est resté inachevé à la Révolution, est pour l’essentiel dans les collections royales anglaises. Versailles n’en détient que quatre pièces.

 

     

                                                                  Photos © EPV /  D. Saulnier

 

 

                                      © EPV / C. Fouin

 

                        © EPV / C. Fouin

             

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