Un coffre au trésor
Fondation La Marck
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Thèmes
Culture et Diversité -
Secteur
Art , Conservation du Patrimoine Culturel -
Statut
Projet terminé -
Région
France
Soutien à l'enrichissement des collections du Louvre
Le 19 novembre 2017 passaient à Fontainebleau chez maître Osenat des souvenirs de l'orfèvre de Napoléon, Biennais, vendus par ses descendants. L'adjointe du directeur des Objets d'Art au Louvre, Anne Dion, spécialiste de Biennais, était sur le qui-vive. La Fondation La Marck avait offert en 2016 une très rare et élégante table de toilette signée Biennais, car il faut savoir qu'avant d'être orfèvre, ce dernier avait été tabletier et ébéniste. Souhaitant poursuivre son effort et connaissant les capacités d'accueil de la salle Biennais du Louvre, la fondation a pris contact avec Anne Dion. Il a été convenu de viser trois lots : un coffret en ébène et argent, un coffret en nacre et or, et les portraits du ménage Biennais.
Le coffret en nacre et or était en fait une boite à rouge réalisée pour Joséphine, qu'elle n'a pas pu payer ou qu'elle a refusée (Napoléon n'aimait pas trop qu'elle se mette du rouge), ce qui explique qu'elle soit restée chez Biennais. Très disputée, elle nous a échappé. Il en a été de même pour les portraits. Par contre, le Louvre a pu préempter le coffret en ébène et argent. Il s'est alors passé un événement qui restera dans notre mémoire. Au mot préemption, la salle a applaudi à tout rompre et le commissaire-priseur a déclaré : J'ai connu beaucoup de préemptions dans ma vie mais aucune ne m'a fait autant de plaisir que celle-là. Je remercie le Musée du Louvre et vous engage tous à y aller. Autant dire que ces paroles nous sont allées droit au cœur !
Biennais avait une boutique rue Saint-Honoré, à l'enseigne du Singe Violet, où il pratiquait ses trois métiers, tabletterie, ébénisterie et orfèvrerie. Parmi ses produits vedettes il y avait la fabrication de nécessaires de voyage, pour la table, pour la toilette, ou les deux, avec une débauche de matières précieuses : or, argent, nacre, ivoire, écaille, cristal. Pour la table, bouilloires, gobelets, tasses, platerie et couverts, l'usage du vermeil était de rigueur. Naturellement, tous les hauts dignitaires de l'Empire se sont arraché ces nécessaires. Les membres de la famille impériale n'ont pas été en reste. Le record d'instruments dans un seul nécessaire semble détenu par celui fabriqué pour Napoléon et qui l'a suivi dans ses campagnes : 110 pièces, instruments de travail, service de table et objets de toilette. Il est aujourd'hui au musée Carnavalet. Le Louvre en conserve un autre offert par Napoléon au tsar Alexandre, de 92 pièces. Tous ont pour caractéristique d'être contenus dans de lourdes valises.
En comparaison, le coffret acheté à la vente Osenat, de forme ovale, affiche une longueur de 23 cms, une largeur de 15 et une hauteur de 12. Le prodige est que Biennais arrive à y faire tenir 49 instruments : miroir, pied de roi en ivoire, instruments à détartrer, tire-botte, tire-bouchon, gratte-langue, brucelles, alène, ciseaux, brosse à dents, rasoir, blaireau, canif, porte-plume, cuvette, casserole et boites en vermeil, flacons de cristal à bouchon d'or, encrier en cristal avec sablier, etc. Il s'agit visiblement d'une pièce de montre, destinée à l'exposition dans l'atelier et donc gardée par Biennais. Avant la vente, l'expert, Jean-Claude Dey, a déclaré qu'il avait vu beaucoup de chefs d'œuvre d'orfèvrerie dans sa vie mais jamais rien de tel.