L'assiette de Jean Limosin, acquise grâce à la Fondation La Marck, en exposition au Louvre
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Thèmes
Culture et Diversité -
Secteur
Conservation du Patrimoine Culturel -
Région
France -
Fondation parente
L’assiette de Jean Limosin fait partie d’une série de probablement douze empereurs romains à cheval, dont maintenant quatre sont connus. Comme le Nationalmuseum de Stockholm en détenait deux, une étude conjointe a été lancée sur les œuvres de Jean Limosin, partant de cette série. C’est Françoise Barbe, conservatrice en chef au Musée du Louvre, qui s’en est chargée et sa publication sera réalisée par le Nationalmuseum.
Il a également été décidé d’une petite exposition-dossier sur le sujet avec les quatre assiettes de la série pour la première fois exposées, l’acheteur de l’autre assiette de la vente Coutau-Bégarie (d’octobre 2020) ayant accepté de prêter la sienne. Cette exposition a eu lieu du 19 avril au 11 septembre 2023 dans la salle 535 des Objets d’art qui est à l’entrée de l’appartement Napoléon III. Le 29 juin 2023, à l’occasion de la réception traditionnelle des mécènes cour Marly, les représentants de la fondation ont pu la découvrir. Les quatre assiettes côte à côte dans une vitrine avaient fière allure ! Dans une autre vitrine trônait le grand plat ovale célèbre de Jean Limosin, Esther et Assuérus, et dans une troisième on trouvait diverses petites pièces dont des salières de son frère Joseph (l’une est signée en toutes lettres, mais le plus souvent on trouve le monogramme IL qui rend difficile l’attribution). En tête du grand panneau explicatif accroché sur un des murs, la mention de l’aide apportée par la fondation La Marck.
Dans l’étude de Françoise Barbe, on apprend que le modèle de la série des empereurs romains à cheval a été conçu par le peintre flamand Stradanus et gravé par Crispin de Passe l’Ancien, mais que l’émailleur s’est quelque peu emmêlé : Vespasien est en fait Caligula, Jules César, Claude, et Titus, Domitien. Seul, Vitellius est correctement légendé. Mais la robe de son cheval est fort peu conventionnelle, car sur le fond bleu nuit (étoilé) qu’il a choisi pour la série, l’émailleur a ici opté pour le bleu clair, une touche d’excentricité propre à attirer l’attention ! La maîtrise de Jean Limosin lui a permis d’utiliser un procédé qui nécessite une grande habileté technique : de fines feuilles d’argent découpées à la forme souhaitée pour donner un éclat supplémentaire aux motifs que l’émailleur a choisi de mettre en valeur ; on les appelle des paillons. On lui attribue deux autres séries : les travaux des mois (huit répertoriés) et des scènes mythologiques (deux petites assiettes récemment données au Louvre).
Parmi les petits-enfants du célèbre Léonard Limosin (mort vers 1576), Jean Limosin se distingue nettement : en 1619 il est émailleur du roi, et en 1627 maître émailleur du roi. Il est vrai qu’il a attiré l’attention du monarque en multipliant ses portraits après son mariage. Les deux assiettes de la vente Coutau-Bégarie proviennent de la collection Jules Porgès, un diamantaire qui vivait à la fin du XIXe et avait rempli son appartement de l’avenue Montaigne d’une quantité d’objets d’art. Fait intéressant : Françoise Barbe a remarqué sur une photo de son intérieur deux autres assiettes qui pourraient bien faire partie de la même série.
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© Louvre / Hervé Lewandowski