Amis de Maurice Ravel

Fondation La Marck

Soutien à l'association des Amis de Maurice Ravel

 

Il a été décidé de soutenir l'association des Amis de Maurice Ravel, en raison de liens de sang avec les deux familles qui ont joué une rôle historique auprès du compositeur, les Godebski et les Saint-Marceaux. Ce soutien prendra la forme principalement de participation aux achats d'autographes du maître, qui sont destinés à rejoindre le fonds dédié de la BNF Musique. Tous les manuscrits de Ravel ont disparu de sa villa de Montfort-l'Amaury après la mort de son frère,  alors même qu'il avait été prévu de les conserver in situ dans le cadre d'un musée, ce qui rend encore plus nécessaire la reconstitution d'un fonds Ravel.

 

Il se trouve que le président des Amis de Maurice Ravel, Manuel Cornejo, a publié à l'automne 2018 la correspondance intégrale du maître, au terme de vingt ans de recherches, dans un ouvrage de plus de 1700 pages. Cet ouvrage servira de guide pour la reconstitution des archives et Manuel Cornejo était donc très bien placé pour mener l'opération. Son association œuvre inlassablement pour maintenir vivant le souvenir de Ravel, à travers des expositions, concerts, conférences et articles. La fondation La Marck se réjouit de lui apporter son soutien.

 

Les achats 2019 ont concerné :

 

  • Des essais de monogramme par MR  vers 1914, avant l'adoption du  monogramme définitif (pièce unique)
  • Une CAS de MR et Maurice Delage à Robert Brussel (1904)
  • Une CAS de MR à Auguste Mangeot, écrite de Suisse où il travaille avec Igor Stravinsky (1913)
  • Une LAS de MR à Roland-Manuel, avec adresse sous forme de quatrain rimé à la manière de Mallarmé (1922, pièce unique)
  • Une CAS de MR à Georges Soulié de Morant, écrite de Lyons-la-Forêt où il séjourne dans la famille de Roland-Manuel (1922) 
  • Une LAS de MR à Marguerite Mauvernay (1922)
  • Une LS de MR à Antoinette Bécheau La Fonta, texte écrit par une  amie (le Touquet, juillet 1933). Une des dernières correspondances du musicien au moment des premières atteintes de la maladie. 

 

Ida et Cipa Godebski ont joué le rôle de famille d'adoption pour Maurice Ravel, qui appréciait fort la chaude ambiance qui régnait dans leur salon, ouvert généreusement aux artistes et aux écrivains, tels que Paul Valéry, Léon-Paul Fargue, André Gide, Joseph Conrad, Arnold Bennett, Jean Hugo, Eric Satie, Ricardo Viñès, Déodat de Séverac, Florent Schmitt, Albert Roussel, Pierre Bonnard, Edouard Vuillard, ces deux derniers étant les peintres attitrés de la tribu, surtout dans la résidence de campagne des Godebski à Valvins, face à la forêt de Fontainebleau. Cipa était le fils du sculpteur Cyprien Godebski et le demi-frère de la fameuse Misia Sert. Leur salon se tint d'abord rue Saint-Florentin, puis rue de Chartres à Neuilly, enfin à partir de 1908 rue d'Athènes. Quand il s'est installé à Montfort-l'Amaury, Ravel descendait toujours à Paris à l'hôtel d'Athènes, situé en face de l'appartement des Godebski où il passait ses soirées. Il a dédié à Ida et Cipa la Sonatine, et à leurs enfants Jean et Mimi les Contes de ma mère l'Oye, avec l'espoir (déçu) qu'ils pourraient en créer la version pour piano à quatre mains, mais ils étaient trop jeunes et ont renoncé. La fondation La Marck a participé à la pose en 2019 d'une plaque rappelant le souvenir de Maurice Ravel rue d'Athènes, sur l'hôtel du 21. 

 

En 2020

 

Nous avons commencé à acheter des correspondances écrites depuis le yacht Aimée à l’été 1905. Resituons l’affaire. En mai, Ravel est à nouveau exclu du prix de Rome. L’indignation est grande et la partialité du jury dénoncée. Misia, qui vient de divorcer de Thadée Natanson après avoir vécu avec lui l’aventure exaltante de la Revue blanche, a épousé le magnat de la presse Alfred Edwards, dont le journal le Matin prend fait et cause pour le compositeur. Le scandale est grand et le président du jury doit démissionner, remplacé en juin par Gabriel Fauré. Pour consoler Ravel, Misia l’invite à la croisière d’été du yacht Aimée (jeu de mots sur ses initiales), en compagnie d’Edwards, de Cipa et Ida Godebski, de Pierre Bonnard, Auguste Renoir et Pierre Laprade :

 

Pierre Bonnard, Misia Sert sur le navire d'Edwards, 1905. Fondation Bemberg, Toulouse.

 

Le navire vogue sur les canaux du Nord en direction des Ardennes, traverse la Belgique avec un arrêt à Liège, va à Amsterdam puis remonte le Rhin. Beaucoup des correspondances de Ravel au cours de ce périple sont sur papier à en-tête du yacht.

  • Une LAS de Ravel à Maurice Delage du 5 juillet 1905, vers Dusseldorf. Ravel est déçu de découvrir des rives pour l’instant plates alors qu’il s’attendait à des burgs sur des rochers à pic au milieu de sapins à la Gustave Doré. Il est en compensation fasciné par les usines métallurgiques qu’il visite au passage : 

 

Comment vous dire l’impression de ces châteaux de fonte, de ces cathédrales incandescentes, de la merveilleuse symphonie des courroies, des sifflets, des formidables coups de marteau qui vous enveloppent. Partout un ciel rouge, sombre et ardent… Ce que tout cela est musical ! aussi j’ai bien l’intention de m’en servir.

 

Une LAS de Ravel au même, du 6 juillet 1905 à Cologne. Il décrit un grave incident avec des soldats allemands qui ont mis en joue les passagers du yacht, mais Edwards a refusé de porter plainte pour éviter qu’une certaine presse ne s’empare de l’affaire. Il ajoute : Ce soufflet ne m’a pas empêché de goûter le charme de Cologne ; j’ai vu, le matin, le musée où il y a de beaux primitifs. La cathédrale est d’un effet prodigieux de loin. De près, elle reste belle, malgré que trop retapée.

 

Nous avons aussi pu acheter :

  • Une LAS de Ravel à Henri-Charles Petit, son propriétaire avenue Carnot, du 7 novembre 1917. Témoignage rare de la détresse du compositeur au moment de la guerre, qui n’arrive pas à payer ses loyers.
  • Un contrat dactylographié entre Ravel et la SBM de Monaco, pour un concert le 12 avril 1933, l’un de ses tout derniers, signé.

 

En 2021

 

  • Deux lettres autographes signées de Maurice Ravel à son élève et ami Maurice Delage du cercle des « Apaches », sur papier à en-tête du yacht Aimée de Misia : la première écrite à Rethel, le 5 juin 1905, première correspondance au crayon depuis l’embarquement de Ravel à Soissons ayant raté le départ à Paris ; la seconde écrite au Chesne, le 7 juin 1905. Avec ces deux lettres, ce sont en tout quatre correspondances de Ravel à bord de l’Aimée qui ont pu être acquises.
  • Une lettre autographe signée presque inédite de Maurice Ravel (l’existence de la lettre était connue mais pas ses termes exacts) à son ami critique dramatique au Mercure de France André-Ferdinand Hérold, écrite au Belvédère de Montfort-l’Amaury le 12 mars 1921 : cette correspondance évoque le mécénat apporté par Maurice Ravel, Misia et d’autres donateurs au compositeur russe Nicolas Obouhov dans la gêne matérielle et les ennuis de santé. C’est André-Ferdinand Hérold qui avait hébergé Ravel en Ardèche fin 1919-début 1920 pour y composer au calme La Valse dédiée à Misia.
  • Une lettre dactylographiée signée de Maurice Ravel à son proche ami et collaborateur aux éditions Durand Lucien Garban, écrite à Montfort-l’Amaury le 14 avril 1924 en lien avec un concert imminent à Madrid début mai 1924 avec direction d’orchestre par Ravel.

 

Ont également été acquis trois documents d’archives provenant de la collection privée de Pierre Boulez :

 

  • Une carte autographe signée de Maurice Ravel à Arthur Hoérée, critique musical et compositeur belge fixé à Paris, écrite à Montfort-l’Amaury le 12 novembre 1930, rare document évoquant la composition en simultané des deux Concertos (en sol et pour la main gauche).
  • Une photographie de Maurice Ravel au piano chez lui 4 avenue Carnot à Paris 1913-1914 dédicacée au compositeur belge René Bernier à Bruxelles le 16 mai 1926.
  • Une photographie prise sur le balcon du Belvédère en décembre 1928 représentant de gauche à droite Jean Hugo, Baba de Faucigny-Lucinge, Jean Godebski et Maurice Ravel, avec une dédicace au verso d’un scripteur non identifié, ami de Jean Godebski.

 

En 2022

 

La fondation a pris à sa charge la réfection du monument funéraire de Misia et sa nièce Mimi au cimetière de Samoreau, qui menaçait de s’écrouler.

 

 

 

 

Elle a par ailleurs acheté les lettres suivantes de Maurice Ravel :

  • LAS à Eugène Gaveau du 14 avril 1910 depuis la Grangette à Valvins, inédite, peu avant la création de Ma Mère l’Oye salle Gaveau
  • CAS à René Chalupt du 20 décembre 1913, inédite
  • LAS à Madeleine Grey du 8 février 1933, une des dernières écrites par Ravel, où il parle de « son Thomson », un électrophone qu’il a contribué à mettre au point et qu’il apprécie beaucoup
  • LAS à Pierre-Barthélemy Gheusi, directeur de l’Opéra-Comique, du 27 septembre 1916 à propos de représentations de Ma Mère l’Oye
  • LAS à René Chauvet, directeur du casino de Vichy, du 4 juin 1930, relative à des représentations de la Valse.

 

En 2023

 

Les achats de 2023 ont porté sur cinq correspondances de Ravel :

  • CAS à Maurice Delage lors de la croisière de l’Aimée, envoyée de Dordrecht le 21 juin 1905
  • LAS à Maurice Delage lors de la croisière de l’Aimée, envoyée de Coblence le 15 juillet 1905
  • LAS au compositeur William Molard du 10 juin 1910 à propos du premier concert de la Société musicale indépendante (cofondée par Ravel) qui aurait dû comporter une pièce de Molard, laquelle ne figurera qu’au deuxième concert. Ravel y fait une brève allusion au sujet de la peine de mort contre laquelle il vient de signer une pétition. William Molard était un compositeur suédois établi en France et voisin de Gauguin qui a peint son portrait (au musée d’Orsay).

 

 

  • LAS inédite au chef d’orchestre D-E Inghelbrecht du 17 décembre 1923, condoléances après la mort de son beau-père, le célèbre dessinateur Steinlen
  • LAS au chef d’orchestre Georges Truc du 31 décembre 1932, une des dernières du maître, qui évoque les projets en cours, Don Quichotte à Dulcinée et le ballet Morgiane commandé par Ida Rubinstein. Il rappelle aussi au chef qu’il lui a promis de lui donner des renseignements sur la technique du vibraphone, qu’il fut un des premiers à introduire dans ses compositions.

 

 

             

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