Dons au musée Carnavalet
Fondation La Marck
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Themes
Culture and Diversity -
Focus area
Art , Cultural Heritage Conservation -
Status
Ongoing project -
Region
France
Soutien à l'enrichissement des collections de Musée Carnavalet - Histoire de Paris.
Le fondateur avait dans sa jeunesse fait partie de l’équipe de Michel Raude, animateur de l’association de Sauvegarde du Paris historique et du festival du Marais. Il s’y occupait de dégager les caves gothiques et les plafonds peints.
Si le Louvre et Versailles l’ont par la suite happé, il n’oubliait pas le quartier et son musée emblématique, Carnavalet. En juin 2021, est passé chez Artcurial un portrait du célèbre lieutenant de police Lenoir, qui officiait sous Louis XVI et avait pris la suite de Sartine. De forme ovale et de grande taille, le tableau fait partie de l’œuvre de Greuze, plus connu pour ses scènes de genre mais aussi auteur de portraits de qualité. Celui-ci a été gravé en 1777 par Juste Chevillet. Il a donc été peint entre cette date et la nomination de Lenoir au poste de lieutenant de police en 1774.
Quand il est passé en vente chez Artcurial, les conservateurs étaient tous pris par les derniers préparatifs avant réouverture du musée après des années de travaux. Ils ne l’avaient donc pas remarqué et notre signalement a été bienvenu. Ils ont pu l’acquérir à un prix fort modéré et nous avons pris en charge l’opération. Après restauration, le tableau a été installé dans la salle de la période pré-révolutionnaire.
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La fondation a renouvelé son soutien en 2022 en offrant un portrait de l’administrateur de l’hôpital général de Paris, Jean de Gomont, par Jacob van Loo, qui passait en vente le 29 juin chez Delvaux. Le peintre l’a représenté devant l’hôpital de la Pitié. Deux bonnes raisons pour faire entrer ce tableau à Carnavalet !
Jacob Van Loo (1614-1670) est un peintre hollandais qui avait dû s’enfuir de son pays à la suite d’une rixe mortelle. Admis à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1663, il est à l’origine d’une longue lignée de peintres, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. C’est un excellent portraitiste, mais il est surtout recherché pour ses nus porcelainés.
Photos: Artcurial et SVV Delvaux
Dans une vente du 12 décembre 2022, passait un tableau d’Auguste Lepère représentant une vue sur l’église Saint-Gervais par temps de neige depuis le quai aux Fleurs. Il présente un fort contraste entre le premier plan dans l’ombre où l’on voit des silhouettes sombres et emmitouflées se hâter sur le quai, et la rive droite du fleuve dans le soleil, la Seine étant ici bordée d’un alignement de cabanes de lavandières. Les maisons du quai de l’Hôtel-de-Ville cachent en partie la vue sur Saint-Gervais.
© Gros & Delettrez
Auguste Lepère est un peintre et graveur de la fin du XIXe siècle qui a beaucoup travaillé sur le motif à Paris, mais aussi à Nantes et en Vendée. Le catalogue raisonné de ses gravures a été établi par son fidèle ami, l’industriel nantais Alphonse Lotz-Brissonneau. C’est d’ailleurs de la collection Lotz-Brissonneau que provient le tableau. Carnavalet a bien reçu notre proposition d’achat : si les musées parisiens conservent un imposant fond de gravures de ce maître, ils sont beaucoup plus pauvres en peintures. En outre, les conservateurs nous ont révélé que Lepère avait son atelier à l’époque sur le quai aux Fleurs et c’est peut-être de sa fenêtre qu’il a peint le tableau. Il n’a ainsi pas eu beaucoup de chemin à faire pour croquer les lavandières en action (plusieurs gravures sur ce sujet), les mêmes dont on voit les cabanes sur la peinture. Le sujet a été gravé par Lepère vers 1887 dans un format élargi montrant à droite la pointe de l’île Saint-Louis et avec un arrangement différent des personnages au premier plan. Au vu de ces différences, on serait tenté de dire que la gravure a précédé le tableau et que celui-ci est une commande d’Alphonse Lotz dans un format plus resserré, d’autant que Lepère était avant tout un graveur. En poussant plus loin la recherche, on découvre qu’il a gravé une vue en sens inverse : du haut de la tour de Saint-Gervais en direction du quai aux Fleurs et de Notre-Dame ! Son atelier doit donc y figurer. Dans le quartier il a encore gravé un Combat contre la neige quai aux Fleurs, de 1890, ainsi que plusieurs vues du marché aux pommes qui se tenait sur le quai de l’Hôtel-de-Ville presque en face de son atelier. Tout ceci témoigne de l’ancrage d’Auguste Lepère dans son quartier. N’oublions pas aussi qu’en dehors de centaines de gravures sur Paris et ses vieux quartiers, c’est à lui que l’on doit ce formidable reportage sur la capitale à la fin du XIXe avec les plus de 200 bois gravés de Paris au hasard, paru en 1895.