Musée des Beaux-Arts de Draguignan

Fondation La Marck

Une acquisition pour le Musée des Beaux-Arts de Draguignan, musée de France.

 

Le 21 juin 2024 chez Joron Derem passait un portrait de Charles-Gaspard de Vintimille du Luc par Largillière qui intéressait le musée des Beaux-Arts de Draguignan, car la famille de Vintimille a longtemps possédé le château du Luc situé à peu de distance et une partie de ses collections saisies à la Révolution s’est retrouvée au musée de Draguignan. Charles-Gaspard était né au Luc en 1655 et avait fait carrière dans les ordres, encouragé par son oncle évêque de Toulon. En 1692, il était devenu évêque de Marseille, archevêque d’Aix-en-Provence en 1708 et enfin archevêque de Paris en 1729, où il est mort en 1746. On lui doit à Notre-Dame la création de la chapelle de Vintimille destinée à sa famille par regroupement des chapelles Sainte-Foy, Saint-Eutrope et de la Décollation de Saint-Jean-Baptiste (depuis, chapelle Saint-Marcel accueillant les monuments funéraires de plusieurs de ses successeurs).

 

par Largillière

 

Le directeur du MBA de Draguignan, Yohan Rimaud, que nous avions connu quand il était à Besançon à l’occasion de l’achat du Vouet du Vatican, nous a demandé si nous pouvions l’aider à acquérir ce portrait. Nous avons d’autant plus facilement accepté que les Vintimille du Luc descendent comme le mécène des Lascaris de Vintimille et de Tende. Les comtés de Vintimille et de Tende étaient au Moyen Age des territoires stratégiques placés entre le comté de Nice d’un côté, le Piémont et Gênes de l’autre. Ils n’ont pas résisté longtemps aux appétits de la maison de Savoie et de la république de Gênes, contrairement à leurs cousins Grimaldi sauvés par la petite taille de Monaco !

 

Le tableau acquis mesure 62,5 x 51,5. Le spécialiste du peintre, Dominique Brême, le voit comme une réplique autographe d’un original disparu de plus grande taille. En effet, à l’époque, Largillière comme Rigaud (et après eux Nattier) peignent des portraits de plus d’un mètre en toutes dimensions pour leurs commanditaires, et eux-mêmes ou leur atelier fabriquent des répliques de plus petite taille pour la famille et les amis. Il y a même chez Nattier deux tailles de répliques selon l’importance du destinataire. En 1731, Rigaud a peint un autre portrait de Charles-Gaspard, plus de trente ans après le précédent ; le poids de l’âge fait perdre sa vivacité à la physionomie du prélat qui devient plus bonhomme ; mais surtout, l’original aujourd’hui à Rochester affiche des dimensions de 157 x 134.  Quant à celui du Largillière qui est présumé disparu, Dominique Brême et Yohan Rimaud ont émis une autre hypothèse : que le même portrait mais en buste, passé en vente en 2005 chez Christie’s, soit non pas un modello mais une découpe de l’original ; ce portrait en buste mesure en effet 91 x 73.

 

par Rigaud

 

Outre son caractère autographe admis par tous, le tableau est doté d’un cadre qui est un chef d’œuvre de l’art rocaille, ce qui veut dire qu’il est postérieur à la création de l’original. Il nous renforce dans l’idée que le propriétaire de l’œuvre à l’époque ne pouvait être qu’un personnage important, comme le frère de Charles-Gaspard, Charles-François, marquis du Luc et grand-père du malheureux jeune homme célèbre pour avoir accepté d’épouser une des sœurs Mailly-Nesle !

 

             

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